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MÉDECINE D'AFRIQUE 2i

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  • Éviter la toilette intime interne après l'amour

    • Le 28/09/2021

    Toilette intime

     

    Il parait que le vagin est trop acide. Quel rôle cette acidité pourrait jouer ?

    Effectivement. Le vagin est acide, nettement plus que le reste de notre corps. Son pH tourne autour de 4,5. Cette acidité sert à le protéger contre les microbes et à conserver sa flore en bonne santé. En effet, étant une cavité ouverte vers l'extérieur, cet espace chaud et humide pourrait facilement se transformer en " nid à microbes ". S'il n'en est rien, c'est qu'il se protège très efficacement.

    D’où vient cette acidité protectrice du vagin ?

    Vous savez, dans le vagin, vivent des lactobacilles, les bacilles de Doderlein, bactéries qui transforment un sucre contenu dans les cellules vaginales en acide lactique à partir du glycogène contenu dans les cellules vaginales, la richesse en glycogène étant fonction de la teneur en œstrogènes de l'organisme.. Sa présence est le signe d'une bonne acidité du vagin. En effet le vagin a un pH acide. Il est très important que cette acidité soit respectée car elle inhibe la prolifération des microbes qui ne peuvent se multiplier dans un milieu d'une telle acidité. C'est une des sources d'acidité. En plus, le mucus des cellules vaginales contient de l'acide chlorhydrique qui participe aussi à ce climat vaginal acide.

    Il parait que cette acidité diminue le risque de transmission des ISI. Pouvez-vous nous édifier ?

    Tu as raison. L’acidité vaginale maintient à distance des germes qui ne supportent pas l'acidité. Ils trouvent dans le vagin un climat qui ne leur convient pas et ne peuvent donc s'y développer. De plus, l'acide chlorhydrique qui provient des cellules vaginales s'associe à un antiseptique, le peroxyde d'hydrogène fabriqué par les lactobacilles afin de former un produit hautement toxique pour les microbes transmis sexuellement. Il agresse par exemple les germes à l'origine des blennorragies, le virus du sida, etc. Le risque de transmission des IST est donc moins élevé quand le vagin est en bonne santé interne.

    Qu’est ce qui peut faire perdre au vagin son acidité ?

    Plusieurs facteurs peuvent en fait concourir à abîmer la flore vaginale : une toilette vaginale interne, l'utilisation de produits antiseptiques, et éventuellement la prise d'une minipilule qui transforme le climat hormonal du vagin. À partir du moment où la flore vaginale est agressée, s'affaiblit ou disparaît, le vagin devient moins acide et beaucoup plus fragile et réceptif aux infections.

    Quelle sera la conséquence de cette perte d’acidité du vagin ?

    En effet, une femme dont le vagin perd son acidité présente un haut risque d'infections vaginales qui se manifestent par une odeur très désagréable, des pertes anormales, etc. Elle doit soigner l'infection, bien sûr, mais surtout veiller à restaurer dans son vagin l'acidité dont il a besoin, à lui donner un environnement adéquat, sinon, les infections récidivent.

    Pourquoi la toilette interne intime juste après le rapport sexuel est à éviter ?

    C’est facile à expliquer. En effet, juste après une relation sexuelle sans préservatif, une partie du sperme est présente dans le vagin. Or, le sperme, lui n'est pas du tout acide, mais au contraire basique. Il déséquilibre donc momentanément la flore. C'est la raison pour laquelle, quelques heures après une relation sexuelle, une odeur forte peut provenir du vagin. Odeur qui n'est ni celle des sécrétions vaginales, ni celle du sperme lui-même, mais celle de germes qui profitent de cette baisse transitoire d'acidité pour se multiplier. Un vagin en bonne santé retrouve vite son acidité naturelle et repousse rapidement ces microbes. La toilette intime interne après l'amour est à éviter. Elle contribue à déséquilibrer l'acidité vaginale et à l'empêcher de retrouver son équilibre. Une toilette externe suffit, à l'eau pure ou avec un produit d'hygiène spécifique, formulé pour être acide juste comme il faut pour cette région sensible.

    Quels conseils pouvez-vous donner sur la pratique de la toilette intime ?

    Ce sont des conseils simples et pratiques :

    Evitez la douche vaginale au risque de détruire l’équilibre de la flore vulvaire et vaginale, dont la fonction est protectrice. La toilette intime est uniquement externe.

    Evitez l’excès : une toilette intime quotidienne est suffisante, voire deux, une le matin et une le soir. Avec les excès, on risque de fragiliser inutilement cette zone.

    Evitez les gants de toilette : Ce sont des nids à microbes. Leur utilisation est inutile et risque d’entraîner des infections.

    Pour la toilette intime, n’utilisez pas de produits particuliers, excepté en cas de problèmes intimes de type irritations ou infections. Dans ce cas, il faut se tourner vers des produits spécialement conçus pour l’hygiène intime, dont le pH est adapté.

    Les produits antiseptiques ne sont pas indiqués. Un soin lavant doux, comme pour le corps, est adapté en l’absence de tout problème d’irritations ou d’infections.

    Les irritations et les infections de cette zone intime sont anormales. Elles nécessitent d’en parler simplement, sans tabou, avec son médecin, afin qu’il prescrive le cas échéant un traitement.

    Pour prévenir d’éventuelles infections, changez de sous-vêtements tous les jours. Pour cette même raison, changez régulièrement vos protections périodiques pendant les règles.

    Et pour prévenir les risques d’irritation de cette région très fragile, privilégiez les sous-vêtements en coton au lieu du synthétique, et évitez les vêtements trop serrés.

    Enfin, en cas d’infection ou de démangeaison au niveau du vagin, faites un bain à l’aide d’un mélange d’un litre d’eau associé à trois cuillerées à soupe de vinaigre blanc. Vous pouvez aussi utiliser une décoction d’écorces de Mitragyna inermis associées à celles de Stereospermum kunthianum. Vous pouvez aussi y boire.